Pierre noire, sanguine et rehauts de craie blanche sur papier chamois filigrané
Petit trou à droite et restauration dans le coin en haut à droite
Dim. : H. 39,30 ; L. 29,50 cm.
Historique : Vente Arcurial, septembre 2023, n 6, 7 872 € frais compris.
Cette feuille préparatoire au tableau éponyme conservé au musée des Beaux-Arts de Lille (P. 668) nous parait particulièrement intéressante elle caractéristique le style graphique de Charles de la Fosse à la fin de sa vie. La datation est aisée à établir car la toile qui fut peinte vers 1700 pour orner le maître-autel de la collégiale Saint-Pierre inauguré en 1704.
La manière du peintre vieillissant doit être soulignée. Tout d’abord la composition dense où les personnages apparaissent collés les uns aux autres sur un seul registre. Les têtes des apôtres formant une ligne sinueuse qui se détachent sur le paysage montagneux. Citons L’Adoration des Mages (musée du Louvre), le dernier tableau de La Fosse accroché dans la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1715, présente également la saturation de l’espace apportée par le regroupement des figures. Les quatre figures au premier plan se caractérisent par l’abondance et le bouillonnement des draperies de leurs manteaux. Les plis exagérément gonflés soulignés par des traits vigoureux et des hachures appuyées à la pierre noire constituent une "signature" de notre peintre. La sanguine et les rehauts de craie blanche mettent en valeur les zones lumineuses. À cette époque tardive de son œuvre les visages sont souvent à peine esquissés.
Les multiples variantes entre ce dessin et le tableau final laisse penser qu’il s’agit d’une première pensée et non d’un dessin préparatoire. La montagne occupe ici une place centrale. Au premier plan, saint Jean se tient modestement courbé alors qu’il était dominant dans le tableau, grand et vêtu d’un opulent manteau rouge, saint Pierre proche du Christ lui témoigne toute sa dévotion, plus distancié dans l’œuvre finale. Les clés occupaient le centre la composition.
Plus que jamais La Fosse utilise la Couleur, les trois crayons, pour mettre l’accent sur la lumière et l’ombre et donner de la densité aux figures. Cette technique caractérise sa carrière et a fait de lui le plus brillant des peintres coloristes.